Impact réel ou un faux débat ?
La croissance des véhicules électriques (VE) en Belgique soulève de nombreuses questions, notamment sur leur impact sur la sécurité routière. Avec une part encore modeste du parc automobile (4 % en 2024) mais en forte augmentation, faut-il s’inquiéter de risques spécifiques liés à ces véhicules ? L’étude menée par l’institut Vias apporte des éléments de réponse en croisant données d’accidents, perceptions des conducteurs et experts.
Un risque d’accident plus faible que pour les voitures thermiques
Premier constat : les VE ne sont pas plus accidentogènes que les véhicules thermiques. Leur taux d’accident est même inférieur lorsqu’on rapporte le nombre d’incidents au kilométrage parcouru. Plusieurs facteurs expliquent cette tendance :
- Les VE sont récents et dotés de nombreux équipements de sécurité (freinage d’urgence, assistance à la conduite, …) ;
- Les conducteurs de VE sont souvent plus expérimentés, ayant un profil socio-économique plus élevé, avec une voiture de société et un kilométrage annuel supérieur à la moyenne.
Cependant, cette donnée doit être nuancée : la généralisation des VE à un public plus large pourrait modifier cette dynamique dans les prochaines années.
Un danger plus élevé pour les usagers faibles
Là où l’étude pointe un impact notable, c’est sur les piétons et cyclistes. Les accidents impliquant des VE concernent plus souvent des usagers faibles, notamment en zones urbaines et sur des routes limitées à 30 km/h.
Pourquoi ?
- Le silence des VE : jusqu’à 30 km/h, ils sont beaucoup moins audibles que les voitures thermiques, ce qui peut surprendre les piétons ;
- Le freinage régénératif, qui change la dynamique de conduite et peut créer des comportements imprévisibles pour les autres usagers.
L’introduction du système AVAS (bruit artificiel à basse vitesse) depuis 2021 vise à pallier ce problème, mais l’étude montre qu’un grand nombre de conducteurs désactivent ce dispositif.
Une gravité des accidents à relativiser
L’idée selon laquelle les VE causeraient des accidents plus graves n’est pas confirmée. En réalité, le facteur déterminant est le poids du véhicule : les VE étant souvent plus lourds, l’impact est plus fort en cas de collision. Cependant, l’étude montre que, lorsqu’on neutralise l’effet du poids et de la puissance, la motorisation électrique n’a pas d’impact direct sur la gravité des blessures.
Autre point intéressant : pour les occupants des VE, les blessures sont moins graves que dans les véhicules thermiques, probablement en raison de leur conception plus récente et de leurs systèmes de sécurité avancés.
L’accélération et le poids, des facteurs à surveiller
Deux caractéristiques des VE posent encore question :
- L’accélération instantanée, qui pourrait inciter à des comportements plus risqués (ex. démarrage rapide aux feux rouges). Cependant, les conducteurs interrogés ne déclarent pas rouler plus vite ou doubler davantage ;
- Le poids des VE, qui pourrait modifier la dynamique des accidents et nécessiter des ajustements d’infrastructures routières.
Le risque d’incendie : un faux problème ?
Contrairement aux craintes souvent relayées, l’étude ne met pas en évidence un risque accru d’incendie pour les VE par rapport aux véhicules thermiques. Toutefois, les experts soulignent que :
- La recharge rapide peut être un facteur de stress pour la batterie, bien que des dispositifs de sécurité existent.
- En cas d’accident, les incendies de batteries nécessitent des procédures spécifiques pour les services de secours.
Conclusion : un impact, mais pas là où on l’attendait
Les voitures électriques n’augmentent pas le risque d’accident global, et pourraient même améliorer la sécurité routière grâce à leurs équipements modernes et au profil plus prudent de leurs conducteurs actuels. En revanche, elles posent un véritable défi pour les usagers faibles (piétons, cyclistes), principalement en raison de leur silence et de leur présence croissante en milieu urbain.
L’impact des VE sur la sécurité routière est donc bien réel, mais il ne se traduit pas par une explosion des accidents ou une gravité accrue. Il impose cependant des adaptations,
notamment en matière d’infrastructure et de sensibilisation des conducteurs et des autres usagers de la route.
Alors, faut-il s’inquiéter ? Plutôt s’adapter, pour que la transition électrique rime aussi avec sécurité.